Le dimanche 29 Janvier 2012 se déroulait à Marrakech le marathon international, de nombreux amis avaient fait le déplacement. Parmi eux, les deux sœurs Sandrine et Cécile en quête de kilométrage dans l’optique des 100 Km de Millau. Leurs joies et leurs bonnes humeurs sont un vrai moteur pour ceux qui les entourent, et j’ai la chance d’être parmi ceux-là. Avant leurs comptes-rendus et afin de planter le décor, retrouvons une interview de l’organisateur de l’épreuve.

Le marathon de Marrakech qui a eu lieu le 29 janvier dernier a affiché fièrement ses 23 ans, pouvez-vous dire qu’il entre dans l’âge de raison ?
Nous pensons que notre évènement a atteint l’âge de raison si l’on tient compte du nombre de participants et des performances réalisées. En effet, c’est la première fois dans l’histoire du Marathon au Maroc les trois premiers athlètes ont réalisé un temps inférieur à 2h10mn.
Dans le dossier de presse vous parlez de « reconquête de la place qu’il occupait jadis », parlez nous de l’âge d’or du marathon de Marrakech ?
Nous croyons que notre manifestation est en train de vivre actuellement son âge d’or
Quels ont été les illustres participants ?
Tous les marathoniens marocains qui se sont distingués ont eu pour passage obligé le Marathon International de Marrakech, qui est devenu actuellement une école pour former et lancer les élites marocaines de cette discipline. Il suffit de citer, à titre d’exemple, les noms de Abdelkader El Mouaziz qui a gagné deux fois le Marathon de Londres et une fois le Marathon de New York et qui peut être considéré comme l’un des rares marathoniens internationaux qui ont à leur actif 13 marathons avec un chrono inférieur à 2h10mn.
Vous ambitionnez de devenir le rendez-vous international de toutes les stars de la discipline, quels sont les moyens que vous allez mettre en œuvre ?
Il est vrai que nous avons de grandes ambitions pour réaliser des performances meilleures et pour cela nous envisageons de faire venir des marathoniens ayant des timings remarquables. Comme vous le constatez nous aves déjà invité cette année des athlètes qui non seulement avaient gagné des marathons à travers le monde, mais qui ont des chronos inférieurs à 2h8mn.
Quel regard portez-vous sur le niveau actuel du marathon sur le plan mondial ?
Les résultants de cette année nous permettront de nous classer sur le plan performance parmi les meilleurs marathons internationaux de 2012.
Ce sont près de 5000 coureurs qui ont participé à l’ensemble des courses (marathon, semi) quelle est la proportion de « locaux » et d’étranger ?
Le nombre d’athlètes inscrits à cette édition (2012) dépasse les 5600 parmi lesquels 40% sont des étrangers venant de plus de 40 pays des cinq continents.
Quelle est la nation la plus représentée ?
Après le Maroc c’est la France qui possède la majorité des athlètes inscrits.
Quel est la part de l’athlétisme au Maroc ?
Il faut signaler que le marathon est la seule discipline sportive où le Maroc a été classé 3ème au niveau mondial en 2011. Ce sont les marathoniens marocains qui ont procuré au Maroc la seule médaille que celui-ci ait eu au dernier championnat du monde d’athlétisme.
2012 sera une année Olympique, quelles sont les meilleures chances Marocaines ?
Le Marathon International de Marrakech a été retenu par le Comité International Olympique comme étape qualificative aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Plusieurs marocains et étrangers ont réalisé des minimas olympiques. Ce qui honore notre évènement et notre ville.
La course est aussi l’occasion d’un voyage culturel, les coureurs prennent-ils le temps de goûter aux charmes de Marrakech ?
Bien entendu beaucoup d’athlètes profitent de notre évènement pour joindre l’utile à l’agréable et découvrir les charmes de notre ville et de notre région
Quels sont les atouts de Marrakech pour séduire le public ?
C’est d’abord l’histoire, le patrimoine et c’est aussi la qualité de vie à Marrakech ainsi que l’hospitalité et la chaleur de ses habitants.
Sandrine nous livre son récit du marathon de Marrakech
En route vers ma deuxième étoile…
Ma sœur Cécile et moi décidons de transformer notre semi-marathon de Marrakech en marathon, pensant « ça nous fera un super entraînement pour les 100 Km de Millau » . On fait donc une prépa express, il me manque des tours de pistes et une sortie longue je le sens…
Nous organisons ce dernier week-end du mois de janvier. Nos amis les plus proches, nos parents répondent présents à ce rendez vous. Je suis super contente, heureuse de savoir qu’ils seront là pour nous soutenir et partager ce moment magique. Je réserve un magnifique Riad où nous pourrons tous loger, nous serrons 19 ! C ‘est magnifique de se retrouver tous là comme à la maison en pyjamas au petit déj , sieste générale sur les canapés , couscous …Cette ambiance, cette osmose, c’est juste magnifique !
Samedi soir la pression monte
j’ai mal au ventre je ne veux pas dîner mais je me force, il me faut des forces pour le lendemain. On sélectionne notre ravitaillement, on prépare nos affaires tous le monde nous encourage nous rassure mais je suis vraiment stressée !!! c’est mon deuxième marathon mais mon premier avec objectif : je dois suivre ma sœur et surtout ne pas la décevoir.
Dimanche matin c’est le grand jour !
J’ai bien dormi, tous les coureurs se retrouvent au petit déj, je n ‘arrive pas à manger, JE ME FORCE ! Nos semis marathoniens partent prendre le depart, pour nous ce sera 30 mn plus tard, Dad me masse une dernière fois la voûte plantaire (j’ai une méchante douleur) et nous partons Papa, Maman, Nico (mon mari) Cécile et moi…
Nous entrons dans le sas, nous nous retrouvons en première ligne, on décide de laisser passer ceux qui ont l’air pro et qu’on ne veut surtout pas gêner ! À Côté de nous des handisport et un jeune garçon en chaise roulante, ils nous souhaitent bonne course.
PAN le départ est donné !
je pars devant, je suis plutôt bien, Céc petit diesel chauffe ses gambettes et me talonne ; elle me rattrape au 6e Km et toute notre course va n’être qu’un jeux de regard. On se comprend on est sœur ! Je sens que c’est dur pour elle de m’attendre, est-ce pour cela que je suis partie trop vite ??? Je ne veux surtout pas la faire soufrir !mais je sens bien que c ‘est trop pour moi !! j’arrive au 30e en 3H03, ne rigolez pas c’est super bien pour moi !!!!
On a eu de tout comme parcours mais dix Km très durs à courir dans la circulation avec une pollution à donner envie de vomir par contre la promenade dans la palmeraie était magnifique mais là je commençais à être mal !
Céc s’éloigne peu à peu…C’est foutu je ne pourrais pas la rattraper mais ca ne me gène pas et je ne lui en veux absolument pas ! un marathon c’est dure pour tout le monde et ne pas être à son allure ca doit juste être horrible ! merci pour m ‘avoir donné ces 30 kms soeurette ! (fais gaffe il en reste 70 pour MILLAU 🙂 )
je l’entends hurler aller TITAAAAAAAAAAAAAAAA , elle fait un bras d honneur au 30 EM KMS en chantant on a pas le mur !on a pas le mur !heuuu je ne veux pas la contredire mais la sensation de ne plus avancer c’est ca le mur ? LA sensation de ne plus avoir de force c ‘est ca le mur ? JE REGARDE MA MONTRE LES KMS , les mètres n’avancent plus, c’est ca le mur ? CETTE PETITE VOIX QUI nous demande d ‘arrêter c’est ca le mur ? je ne l’écoute pas, je prends du gel et de l eau et continue…
Heureusement je croise Papa , Maman, , mon mari, Manu, Mamé, Elodie, Pierro, Francesca, mes loulous, ils se sont battus pour nous trouver ils ont tous des mots gentils des clementines, de l ‘eau , des mots d ‘amour , des phrases reconfortantes …MAIS JE SUIS comme droguée , absente , le regard vide , je ne peux même pas les regarder chaque effort est précieux pour terminer cette course ! MAIS JE VOUS ENTENDAIS ET JE VOUS REMERCIE DU FOND DU COEUR ;
34 KMS tout le monde marche devant moi. Je n ‘en peux plus je n ‘ai plus de force , je ralentis beaucoup beaucoup m’étire j ‘ai mal au dos et là une voiture me Klaxone et il me parle en arabe « ne lache pas maintenant MADAME ! » je reprends mon rythme et continue , Hodha m ‘a promis d ‘être là au 35e je dois y arriver… PERSONNE AU 35 ! moral à zero !
37 J ‘appercois au loin une silhouette avec un débardeur Rouge ! SEBOUCHE BABOUCHE ! si on m ‘avait mis le bon dieu devant ca m ‘aurait pas fait meilleur effet ! je sais qu il va me permettre de finir il va m encourager .
il a été incroyable Seb il a fait les 5 DERNIERS KMS AVEC MOI , il disait ce qu il fallait quand il fallait ! je me disais dans ma tete « je vais dire à SEB que je vais marcher juste deux minutes pour reprendre des forces …Une fois prête à le lui dire il prends la parole avant moi pour me dire « allez sandrine c ‘est toi qui fait la difference tu ne t ‘arretes pas , regarde tu les doubles 🙂 » bon c ‘est foutu je ne peux pas lui demander de m arreter 🙂
Hodha est là 500 mètres plus loin elle me fait des grands sourires je ne peux meme pas lui repondre je n ‘ai plus de force mais c ‘est super gentil d être là , merci ma bichette !
SEB continue de me parler de m encourager et la papa est là avec Nico il reste 1 KM 200 , dad rentre dans la course ,au dernier croisement ELODIE , FRANCESCA ET MATIS entrent aussi dans la course je suis entourée pour les 500 DERNERS mètres j ‘accèlere je veux les terminer dignement je veux passer en moins de 4H30 , Salonee , Anushka et MON LOLO se mettent aussi à courir à mes côtés je mets la gomme . Je donne tout ! je n ‘ai pas encore franchis la ligne et je voies ma soeur sur le côté elle marche en sens inverse , je voies son regard vide à travers ses raybans ! elle ne me dit rien …ELLE ne m encourage pas c ‘est pas normal il se passe quelque chose . Je passe la ligne en 4H29 25 !!!! yesssssssssssssssss je suis super contente je recupère ma médaille et hop tout le monde est là ! Ma soeur arrive et me dis « je suis désolée je ne suis qu une merde je t’ai laissée » je lui dis que c ‘était normal et que je n ‘avais pas une seconde ressenti cela comme un abandon , et je la remercie pour 30 kMS ENSEMBLE .
Je suis maintenant désolée de cette culpabilité qu elle a ! t inquiete pas soeurette on va se faire 100 KMS ensemble ! on ne se lachera pas quoi qui’ l arrive et on franchira cette ligne ensemble quoi qu il arrive !
il était beau ce Marathon, entre les palmiers, les montagnes au loin , les encouragements de tout ceux qu on aime , le soutien de vous tous ! on a passé un super week end !
merci à vous tous …
Sandrine alias Tita
C’est au tour de Cécile de nous donner sa version des faits
Rendez-vous vendredi à l’aéroport avec ma petite famille. Nous y retrouvons nos supporters ainsi que d’autres coureurs. J’ai l’appréhension de l’avion, mais je suis tout excitée de courir mon marathon dimanche. Nous arrivons à Marrakech où nous attendait un superbe Riad. Nous étions 19 autour d’un bon couscous et heureux de nous retrouver. Le lendemain, 30 min de jogging, puis retrait des dossards où nous nous sommes faits interviewer par la télé locale.
Debout 5h30, direction départ…
Coup de pistolet, Sandrine et moi on s’élance. J’étais sensée être devant pour faire le lièvre mais elle part trop vite ! Je la vois au loin se retourner vers moi de temps en temps. S’inquiète t-elle ? Je n’arrive à la rattraper qu’au 5e kilo. Nous passons par des endroits aussi magiques qu’insolites. En ville la circulation n’a pas été coupée. Nous courrons avec les voitures, les mobylettes …. Tout ceci durant 10 bons km. Les pots d’échappements me tuent. J’ai l’impression d’être dans une autre dimension. C’est fini, on va bientôt rentrer dans la palmeraie.
On passe le 30e kilométre
je me positionne devant le panneau, alors je me mets à danser pour lui changer les idées en chantant : »On est au 30e et on n’a pas le mur ! ». On continue notre route, et là, arrive ce qu’il ne devait pas arriver : j’ai un coup de barre, les jambes faiblissent. Je réfléchis …… ma décision est prise (à contre cœur !) : Je dois courir à ma cadence sinon c’est la fin pour moi. Je ne peux même plus ralentir, je suis sur ma lancée. Impossible de m’arrêter pour la prévenir… Je lui crie » Allez TITAAAAAAA » et je disparais de sa vue petit à petit. Hodha notre amie m’appelle, elle me dit qu’ils attendent au 37e. J’y arrive enfin … On court 2km ensemble. Ca me fait du bien parce que je souffre.
Au 39e, je me retrouve seule au monde et là, je lève les yeux au ciel et je m’adresse à Dieu : » Mon Dieu, je m’en remets à vous. Faite de moi ce que vous voulez. »
Et là, commence le monologue : » plus que 3km, 3 km, 3km, 3km ; 2800m, 2500m, 2200 m ….. ».
Au 40e, je vois mon père et mon oncle, je passe devant eux telle une zombie ou une automate, j’en sais rien, mais tout ce que je sais, c’est que le remord me gagne et je pense à ma sœur que j’ai abandonnée pour sauver ma peau alors que ce marathon, on devait le finir ensemble. Les larmes me coulent des yeux et je suffoque sur le dernier kilo. Je passe la ligne en 4h17. Je prends ma médaille et là, encore la télé ! Et le photographe officiel ! Je n’ai pas envie de leur parler. Je rebrousse chemin et je guète l’arrivée de ma sœur. Je la vois enfin, avec Sébastien, je suis rassurée mais tellement triste. Je ne sais pas quoi lui dire quand elle franchit la ligne, à part « je suis désolée ».
Tout est bien qui finit bien…
Oui, elle a fait son record ! Bravo ma sœur, tu as fait preuve d’un grand courage. Tu as prouvé combien tu peux être résistante. Ce n’est qu’une bataille de gagnée, le combat va bientôt commencer.
Cécile