Marathon de Paris 2012

Les marathons se suivent, mais ne se ressemble pas ! Je fus privé de marathon de Paris l’an passé pour cause de déchirure au mollet, j’avais donc cette année soif de revanche. Pour comprendre cette nouvelle aventure, il faut remonter 8 semaines en arrière.

Mardi 21 février, début de la préparation qui doit me mener aux 3h. Je progresse chaque année de quelques minutes, mais à mes yeux ce n’est pas assez rapide, j’avais imaginé passer sous les 3h plus rapidement ! Pour cette course je met toutes les chances de mon côté et me concentre sur l’essentiel. Je laisse tomber les « gadgets » montre GPS et autres cardios, désormais je vais courir à la sensation, je veux être encore plus à l’écoute de mon corps.

Je décide aussi de revoir mes temps sur fractionner légèrement à la baisse, avec mon précédent entraîneur, chaque séance était une compétition. Après les séances difficiles, il n’était pas rare que je ne trouve pas le sommeil ou que je n’ai plus d’appétit, tellement j’étais épuisé.

Je suis reparti sur de nouvelles bases grâce à Abdel Rezzag l’entraîneur du club de Nanterre. Dans un premier temps, définition de la vitesse VMA afin d’établir les vitesses de travail. J’ai une VMA de 17,5 km/h grâce à ça je vais pouvoir étalonner toutes mes séances. Autre étape importante augmenter mon volume  kilométrique, passer de 60/80 km à 80/90 km par semaine. Ça ce sont les bonnes résolutions, place à la course.

La préparation
De mémoire, je pense que c’était ma première préparation sans blessure. J’ai souvenir de déchirures, de périostites, etc… Celle-ci comme dans un rêve, le corps obéissant à l’esprit ! Mes résolutions sur les vitesses de fractionnés n’y sont pas anodines. Idem pour les sorties longues réalisées toutes avec le club de Nanterre. Il n’y a pas à dire, quand un groupe se met en marche, rien ne peut l’arrêter !

La dernière semaine
Les jours qui précédent sont très importants, ils servent à récupérer et à « compenser » les huit semaines de charge de travail intense. De longues nuits de sommeil et une alimentation stricte sont de rigueur. J’avais décidé de ne plus prendre de Malto, je ne le digérais plus. Je passais à la méthode ancienne, pâtes et riz à tous les étages !

Marathon expo
Toujours un grand moment que cette foire dédié au running. Il y a de tout et pour tous les goûts. C’est en général ici que ce font les réserves de gels et autres boissons énergétiques. Les prix ne sont pas plus intéressants qu’en boutique, c’est juste l’offre qui est pléthorique… Depuis trois ans, j’organise une pasta party le vendredi midi afin de réunir les gens que j’aime, pour partager nos espoirs de chrono et nos craintes.

Le matin de la course
Rendez-vous avec le club à 7h30 près de l’arrivée. Chacun des participants possédera son lièvre, une personne dédiée qui aura en charge de donner le tempo, mais aussi de prendre les ravitaillements pour éviter les pertes de temps. Ce sont donc les derniers échanges avec le coach et les lièvres. Sébastien m’attendra au 22e km et portera pour moi les gels ainsi que quatre petites fioles de boisson énergétique. Au final plutôt une mule qu’un lièvre !

Objectif de course
Le tempo avait été décidé depuis 10 jours, je suis conscient que je n’ai pas le niveau pour faire 4’ 16’’ au kilo pour faire 3h, alors j’opte pour un plan B. Je partirais sur un rythme de 4’ 20’ / 4’ 23’’ ce devrait m’assurer un chrono de 3h 04’/ 3h 05’

Le départ
Nous rejoignons nos sas respectifs. Le froid et le stress m’empêchent de respirer correctement. Je connais de nombreuses personnes qui sont dans ce sas et bizarrement, je suis seul ! Je suis concentré et confiant, ce sera un jour avec… Coup de pistolet, c’est parti… je fais parti de la première vague avec les élites. La descente de la plus belle avenue du monde est toujours un grand moment ! Je regarde mon chrono à chaque kilomètre, car il est facile de partir trop vite.

10e km
Nous entrons dans le bois de Vincennes, le 10e km se trouvant au pied du grand rocher de l’ancien zoo. Je suis dans les temps, j’ai même 13 secondes d’avance (Temps au KM 10 : 00:43:37), je dois l’avouer, j’ai même l’impression de faire un footing, pourvu que ça dure…

15e km
Nous sommes à l’hipodrome de Vincennes dans une partie qui monte légèrement et malgré cela je possède encore 30’ d’avance sur l’objectif. (Temps au KM 15 : 01:05:08)

Semi-marathon
Le passage au semi est très important sur un marathon, il est un bon indice chronométrique et de fraîcheur et puis je sais que c’est la que je retrouverai mon lièvre Sébastien. J’ai 50’’ seconde d’avance et je me sens bien. Je retrouve une bonne partie du club, et leurs encouragements me font chaud au cœur. (Temps au KM 21.1 : 01:31:08)

30e km
Pour moi la plus belle partie de cette course est après Bastille lorsque nous descendons sur les quais avec un panorama sur Paris magnifique. Les tunnels ne me gênent pas contrairement à beaucoup. La tour Eiffel indique au loin le 30e km et aussi le début de la vraie course, car il est assez facile de courir jusque là c’est ensuite que les ennuis commencent ! Je suis un peu rapide, j’ai 1’ 25’’ d’avance sur le tempo, mais je me sens toujours bien alors pourquoi pas un hold-up ?

35e km
Dépassé la maison de la Radio, commence un long faux plat qui mène à Molitor, l’ascension pénible casse bien les jambes. Nous contournons Roland Garros et à nouveau un faux plat pour atteindre le rond point d’Auteuil où cette fois une vrai côte achève les concurrents. Je suis toujours bien malgré le dénivelé, Abdel Rezzag apparaît sur un vélo et m’encourage énergiquement. Sébastien joue à merveille son rôle de lièvre, il s’occupe des gels et des boissons. Nous sommes toujours en avance d’une minute. (Temps au KM 35 : 02:32:28)

40e km
Je déteste cette dernière partie, elle est triste est monotone, les longues lignes droites ont le don de vous saper le moral. Depuis le 37e km, je fatigue, j’arrive au 38e km complètement épuisé, j’ai l’impression de ne plus avancer. Sébastien entame son coaching mental et me donne la force de continuer…

Nous apercevons au loin Rogedi un membre du club, il est entouré de deux lièvres et malgré cela, il est en pleine détresse. Je suis triste pour lui ! Nous le rattrapons au 40e km, ma tape sur l’épaule et des encouragements n’y feront rien. J’ai moi-même du retard 35’’

42e km
L’arrivée n’est plus loin j’entends les bruits de la sono et pourtant je n’en peux plus, je suis vidé ! Je ne vais pas fléchir si près du but ?  Pourtant mon réservoir est vide !

Dernier rond-point et c’est l’arrivée. Je donne tout, je ferme les yeux, je suis dans un état second. Derniers mètres, dernières souffrances !

Temps final
La ligne franchie, je titube, je suis blême. Je demande à Sébastien de rester près de moi car je sens que je vais tomber dans les pommes. Je récupère t-shirt et médailles et m’enfile deux bouteilles de Powerade assis sur mon bout de trottoir. Je me sens mieux !

Un coup d’œil sur le chrono : 03:06:42, ce n’est pas les 3h 05’ escomptées, mais cela représente quand même mon nouveau record. L’ancien datant de 6 mois à Amsterdam en 3h 10’.

Je décide d’être positif est m’autorise à être heureux !

L’après-course
Le meilleur moment d’une compétition, c’est lorsqu’elle s’arrête ! Et que tranquillement installé avec ses amis, l’on refait la course. Globalement, ils sont tous ravis et leurs sourires font plaisirs. Beaucoup jurent que c’est le dernier, car la distance est trop dure, le dernier jusqu’au prochain…

J’aime le marathon car cette distance est une vraie aventure humaine, rien n’est certain à l’avance, la défaillance peut survenir à n’importe quel moment…

22 réflexions au sujet de « Marathon de Paris 2012 »

  1. Profond respect pour toi,tu es devenu un grand marathonien,tu finis dans la souffrance mais tu passes la ligne et avec un sacré chrono,3h 05′ visé et 3h 06′ réalisé,à ce niveau la perf est identique à 1′ près,ton récit de ton parcours est super intéressant et quelle courage au 40ème kilo,il faut de sacrées ‘coucougnettes’ pour garder le rythme lorsque l’on est épuisé,plus de jambes et plus de jus,chapeau bas à toi,et nouveau record pulvérisé,tu fais partie des grands maintenant.

  2. Ping : Marathon de Paris 2012: vers mon nouveau record! | Greg Runner

  3. Bravo JP!

    Effectivement il ne faut aps tout donner à chaque fois à l’entraînement et le volume c’est bien aussi.
    Les 3H à l’automne alors?

    Pas très réglo quand même ces lièvres qui arrivent en cours de route pour porter le ravito.. 😉

  4. j’en ai des frissons rien qu’en lisant ton article !
    Simplement un grand bravo JP ! Comme tu le dis si bien, cette distance est formidable et nos reves peuvent s’effondrer à chaque instant ! Aucuns regrets, tu as tout donné !
    Bravo bravo et encore bravo !

    Adrien

  5. Encore bravo, très sympa à lire et surotut bon repos. le 3h sera pour le Marathon de tous les Marathons …New York ….watch out Jean-Pierre is coming !! à tres bientot LS

  6. Ping : Marathon de Paris 2012 : bonheur et douleur » Noostromo Running Blog

  7. Super récit Jean-Pierre le record tombe comme un fruit lorsqu’il est mûr … Tu as choisi la bonne voie pour qu’il murisse tranquillement. Cette barrière des 3 heures tombera … Paris n ‘est pas forcément propice … Ton récit me donne envie de me projeter dans l’aventure de ce chrono mythique … Bonne récup

  8. Bravo JP, accepte d être heureux à chaque minute gagnée, ton corps te le rendra !! Et encore 2 marathons et tu es sous les 3 h donc Boston is the ONE !!! 🙂

  9. Bravo Jean Pierre!! tu as donné tout ce que tu avais dans le sac!!! c’était le temps que tu devais faire ce jour là. tu as progressé et tu progresseras encore grace à ton travail. Tu les auras tes 3h, tu les auras!! Bravo à toi!!

  10. Super chrono bien mérité, résumé remarquable et très touchant.Après tant d’efforts fournis,c’est la victoire du mérite!! Chapeau à toi JP.

  11. Ping : Runnosphere.org - La Runnosphère au marathon de Paris

  12. Ping : Marathon de Paris 2012 : supporter et photographe - Mangeur de Cailloux

  13. Yo ya iba a saltar diciendo lo rico que sería detener la mentursación por algunos meses, pero luego seguí leyendo y ya no era tan buena idea.Harto ánimo para enfrentar las molestias (como el calor) que llegues a sentir. Lo que sí, vas a aprender hartos tips para cuando la menopausia llegue de verdad. 0  0

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